Lord of war
Film pas si courant sur ce sujet, Lord
of war tente de nous montrer un trafiquant d'armes dans sa vie de
tout les jours.
Andrew Niccol, Scénariste et Producteur du film le dit lui-même,
il s'est basé sur des faits et des personnages réels.
Cela donne un film percutant, dénonciation salutaire du rôle
des trafiquants dans les guerres les plus barbares.
Le président du Libéria
:
Sans avoir connu l'original, il semble que le personnage soit digne
en cruauté de son modèle Charles Taylor. Un point
déroutant, il lui est donné un nom à consonnance
tout à fait française, alors que ceux-ci ne sont pas
courants au Libéria, pays fondé au XIXème siècle
pour des affranchis afro-américains. Cela vient probablement
de ce que l'exemple notamment d'Haïti a accoutumé outre-atlantique
de voir des dictateurs "noirs" et portant des noms français.
Charles Taylor comme le personnage a étudié aux Etats-Unis
avant de lancer son entreprise de guerre barbare et pourtant soigneusement
gérée, notamment du point de vue financier, qui allait
ravager le Libéria.
Quant aux implications croisées des Etats-Unis et de la France,
le paradoxe est que ce Charles Taylor, issu par son père
de la minorité afro-américaine du libéria,
a bénéficié de soutien et de larges facilités
de la part du Burkina-Faso voisin, dont le président fait
partie des grands amis de la France.
Les services américains avait manifestement suscité
l'avènement du dictateur précédent Samuel Doe,
celui-ci ayant prit appui sur les frustrations des dits indigènes
(natives) face à la minorité de descendants d'affranchis
afro-américain, qui étaient à la tête
du pays.
Malgrès les grands progrès notamment sociaux qu'avait
connu le pays à la veille des années 1980, (le Libéria
n'a pas toujours été en guerre, au contraire) il s'était
joué une sorte de renversement de l'alliance naturelle que
les Etats-Unis avaient avec cette minorité issu de chez eux
et qui y gardait des liens forts.
Cette destabilisation a probablement permis la suivante beaucoup
plus sanglante, et relayée par des pays du "champ"
de la France.
"C'est la guerre tribale qui veut ça" dit Birahima,
l'enfant soldat d'Ahmadou Kourouma, quand on voit que c'est surtout
une barbarie moderne qui n'a rien d'une spécialité
régionnale traditionnelle. On entend dans le film des propos
équivalent sur les guerres entre factions sans qu'il soit
pris le même recul que celui de Kourouma. Sur ce point le
film risque peut-être d'alimenter le point de vue fataliste
selon lequel c'est toujours la guerre là-bas, la guerre incompréhensible.
Le trafiquant d'armes.
Andrew Niccol se serait inspiré de 5 cas réels. Le
personnage nous en rappele déja deux : Arcady Gaydamak et
Pierre Falcone.
Le premier émigré de Russie vers Israël, d'où
il viendra rapidement en France, y exercer des compétences
d'interprête, auprès de personnalité soviétiques
dans les années précédant la chute du mur de
Berlin. Ce parcours lui a permis de tisser un réseau de relations
qui lui permettra de faire les affaires les plus juteuses dans les
années 1990, entre la Russie, la France, Israël et l'Afrique.
Pierre Falcone quoique plongé dans les réseaux français
par sa famille, est plus proche du personnage du film pour son côté
américain. Il y a sa femme et il y étale sa fortune.
L'essentiel des affaires et du trafic d'armes de ces compères,
ou du moins ce que les a fait connaître, était liés
à l'Angola, plutôt que le Libéria.
En effet ce pays, typiquement un point chaud de la guerre froide,
voyait s'affronter le régime et les rebelles soutenus respectivement
par le camp communiste et le camp de l'Ouest.
Avec la chute du mur et la défaillance du soutien russe,
il s'est passé ce qui est montré dans le film, que
deux factions en guerre soient soutenu par le même camp.
C'est durant cette periode que se sont illustré les deux
modèles de traficants d'armes : avec d'incroyables opérations
sur la dette de l'Angola à l'ex-URSS (des montages permettant
de dégager des sommes astronomiques sur le dos d'une dette,
de deux pays pauvres, en s'appuyant sur le pétrole à
produire plus tard).
Et bien-sur le grand marché aux armes que constituaient les
ex-pays de l'URSS.
Le principe : L'Angola, aidé
de longues années en matériel et en formation par
l'URSS pour sa guerre a une forte dette. La nouvelle Russie a besoin
de liquidités, l'Angola exangue a peu de chance d'être
en mesure de rembourser ses dettes. On admet dont qu'il puisse y
avoir une forte décote sur celles-ci, pour celui qui accepterait
de les reprendre. Quand la Russie devait être remboursée
de 100, elle acceptera de recevoir 30 tout de suite pour renoncer
au reste. L'opérateur privé qui a repris cette créance
se tourne alors auprès de l'état Angolais, et se fera
rembouser la totalité, soit 100, avec l'argent de pétroliers
qui achètent à cette occasion à bon compte
les futures années prometteuses de production de pétrole.
Il est évident que les marges
pharaoniques dégagées dans l'opération sont
partagées entre ses acteurs, que cela implique une entente
et une solidarité solide entre eux. Pierre Falcone qui allait
être incarcéré en France (en 2004) a été
soudain nommé embassadeur de l'Angola à l'Unesco par
le président angolais José Eduardo Dos Santos, qui
a montré sa colère de voir son "ami" inquiété.
Conclusion
Le film n'est certainement pas pas à prendre comme un documentaire,
il transforme certaines choses, mais en évoque beaucoup de
bien réelles.
Pour en savoir plus :